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26/02/2025Il y a des attachements que tu ne contrôles pas. Tu sais qu'il ne se passe rien de concret. Tu sais que cette personne ne te répond pas vraiment.
Qu'elle est absente, floue, inaccessible. Et pourtant, tu n'arrives pas à tourner la page.
Tu penses à elle en boucle. Tu rejoues chaque échange. Tu attends un signe. Tu espères une reconnaissance, un retour, un déclic.
Mais plus tu attends, plus tu t'épuises. Et moins tu comprends pourquoi tu n'arrives pas à lâcher.
Ce que tu vis n'est pas de l'amour. Pas vraiment. C'est autre chose. Un état obsessionnel, souvent méconnu, mais aux mécanismes très précis : la limérence.
Ce phénomène touche de nombreuses personnes, sans toujours mettre de mot dessus.
Il ne s'agit pas seulement de dépendance affective ou de blessure d'abandon.
La limérence, c'est un mélange puissant de manque, de projection, d'activation du système d'attachement… qui te maintient accro, même quand tout te pousse à partir.
Dans cet article, je te propose d'aller au fond des choses. Comprendre ce qu'est réellement la limérence, ce qui l'active en toi, et pourquoi certaines blessures précoces peuvent t'y rendre plus vulnérable.
Mais surtout : comment t'en libérer. De façon concrète, stable, et durable.
Comprendre le lien entre limérence et styles d'attachements
Pour comprendre pourquoi certaines personnes deviennent vulnérables à la limérence, il faut revenir à la base : la manière dont nous avons appris, très tôt, à nous attacher.
La théorie de l'attachement, formulée par le psychiatre John Bowlby, explique que nos relations adultes sont souvent le reflet de nos expériences d'enfance. Autrement dit : ce qu'on a vécu avec nos figures parentales — attention, absence, confusion — crée des schémas profonds sur ce qu'on pense mériter… et sur la manière dont on cherche à être aimé.
Bowlby identifie plusieurs types d'attachement. Tu vas peut-être te reconnaître.
- L'attachement sécurisant : quand l'enfant a été entendu, soutenu, en sécurité. Il peut ensuite aimer sans peur, sans se perdre.
- L'attachement anxieux : quand l'enfant ne sait jamais vraiment si l'autre est là. Présent un jour, absent le lendemain. Cela crée une dépendance, une peur de l'abandon, une vigilance constante.
- L'attachement évitant : quand l'enfant a appris qu'il valait mieux ne rien attendre des autres. Il devient autonome, distant… mais au prix d'une coupure émotionnelle.
- L'attachement désorganisé : mélange de peur, de chaos, de confusion. Quand la figure d'attachement est elle-même source d'insécurité ou de danger.
Ces styles ne sont pas des étiquettes figées, mais ils influencent fortement nos relations affectives… et expliquent pourquoi certains d'entre nous deviennent prisonniers de la limérence.
Lien entre la Limérence et l'Attachement Anxieux
L'attachement anxieux — aussi appelé anxieux-ambivalent — naît souvent d'une enfance marquée par l'instabilité émotionnelle. Un parent parfois présent, parfois absent. Une affection qui peut basculer d'un jour à l'autre. Un amour conditionnel, imprévisible.
Quand tu grandis dans ce climat, tu développes un hyper radar relationnel. Tu deviens ultra-vigilant(e), toujours en alerte, toujours à chercher des signes que l'autre va rester. Ton système d'attachement reste activé en permanence, comme si ta survie dépendait de cette connexion.
À l'âge adulte, cela se traduit souvent par une dépendance émotionnelle, une peur panique d'être abandonné(e), et un besoin constant de réassurance. Et c'est là que la limérence peut s'installer.
Tu rencontres quelqu'un. Cette personne est ambivalente, inaccessible, incertaine. Et c'est exactement ce que ton système d'attachement connaît. Tu t'accroches, tu idéalises, tu ressens des pics d'euphorie dès qu'elle te regarde… et des abîmes de désespoir quand elle t'ignore.
Chaque micro-signe devient une preuve d'amour. Chaque silence devient un drame. Tu projettes sur elle tout ce que tu n'as jamais reçu.
C'est un cycle puissant : l'espoir, l'attente, la chute… puis le retour de l'espoir. Et plus tu t'y perds, plus tu crois que c'est de l'amour — alors que c'est souvent une tentative désespérée de réparer une blessure ancienne.
Il est important de préciser que la limérence ne touche pas uniquement les profils à attachement anxieux.
Elle peut aussi émerger chez d'autres personnes, selon leur histoire, leurs blessures, ou des circonstances particulières.
Mais lorsqu'on a grandi dans un climat relationnel instable, le terrain est déjà préparé.
Pourquoi certains profils deviennent “accros” malgré eux
Ce n'est pas un hasard si certaines personnes sont particulièrement vulnérables à la limérence.
Derrière l'attachement obsessionnel, il y a souvent un terrain déjà fragilisé. Des manques anciens, des blessures précoces, des modèles relationnels profondément ancrés.
Voici quelques expériences d'enfance qui peuvent rendre cette mécanique encore plus puissante à l'âge adulte :
La négligence émotionnelle
Quand un enfant n'est pas vu, pas entendu, pas reconnu dans ses besoins affectifs… il grandit avec un vide. Un sentiment d'insuffisance. Comme s'il fallait “mériter” l'attention, supplier pour un peu d'amour.
Plus tard, ce manque peut se transformer en quête insatiable de validation. Et la limérence devient alors une tentative (désespérée) de combler ce vide. De te sentir enfin choisi·e, reconnu·e, vivant·e.
Les abus ou traumatismes
Un enfant exposé à des abus – qu'ils soient physiques, émotionnels ou sexuels — construit souvent une vision déformée de l'amour.
Quand l'amour est mélangé à la peur, au contrôle ou à la douleur… le système affectif s'emmêle.
Et à l'âge adulte, cette confusion peut te mener à rechercher des liens intenses, chaotiques, obsessionnels. Parce que tu as appris que c'était “normal”.
Des modèles parentaux dysfonctionnels
Quand l'enfant grandit dans un environnement où les relations sont marquées par la dépendance, la jalousie, l'obsession ou la manipulation… il intègre ces modèles comme des repères.
Sans le vouloir, il peut croire que l'amour, le vrai, doit être douloureux, excessif, tout sauf stable. Et il reproduit, malgré lui, ces mêmes schémas.
L'inconstance des figures parentales
Un jour chaud, un jour froid. Un parent disponible, puis distant. Présent… puis absent.
Cette alternance crée un climat d'instabilité émotionnelle.
L'enfant développe alors une hypervigilance : il scrute, anticipe, essaie de contrôler l'imprévisible.
Ce même réflexe se rejoue ensuite dans la relation amoureuse.
Et la limérence devient une réponse automatique : s'accrocher quand l'autre devient flou, pour ne pas revivre l'abandon d'origine.
La parentification
Certains enfants n'ont pas le droit d'être enfants.
Ils doivent prendre soin d'un parent en détresse, répondre à ses besoins émotionnels, devenir “soutenant”, “sage”, “solide”.
Ce renversement des rôles crée une confusion affective :
Aimer = se sacrifier.
Être aimé·e = se rendre indispensable.
Plus tard, cela donne des adultes qui s'attachent à des personnes “brisées”, “complexes”, “indisponibles” — dans l'espoir d'être enfin reconnus à travers le sauvetage.
Sortir de la limérence : ce qui peut vraiment t'aider
Tu ne sors pas de la limérence par une décision rationnelle.
Tu ne te réveilles pas un matin en te disant : « bon, j'arrête d'y penser. »
Ce lien obsessionnel est souvent ancré dans des couches profondes de mémoire, d'émotion et d'ancienne survie.
Mais la bonne nouvelle, c'est qu'il existe des leviers concrets pour t'en libérer. À ton rythme. En reprenant le pouvoir, petit à petit.
La thérapie cognitivo-comportementale (TCC)
La TCC te permet de désamorcer tes pensées obsessionnelles en les rendant visibles.
Tu apprends à repérer les scénarios que tu rejoues en boucle, les interprétations erronées, les croyances du type « je ne suis rien sans cette personne » ou « il/elle est la seule à pouvoir me rendre heureuse ».
Et surtout, tu découvres qu'il est possible de rééduquer ton cerveau à voir autrement.
À revenir au réel. À déconstruire l'idéalisation.
C'est un processus puissant pour reprendre du recul… sans t'anesthésier.
L'EMDR (pour les blessures profondes)
Si ta limérence vient s'ancrer dans un passé traumatique, l'EMDR peut être une clé.
Cette méthode permet de retirer la charge émotionnelle des souvenirs douloureux (abandon, rejet, humiliation…) qui restent encore actifs en fond.
Tu ne changes pas ton histoire.
Mais tu changes la manière dont ton système nerveux y réagit.
Et c'est ce qui libère.
Le développement de ta conscience de soi
Sortir de la limérence, c'est aussi oser te regarder en face.
Comprendre : Pourquoi je m'accroche ? Qu'est-ce que je cherche vraiment ? Qu'est-ce que ça vient réparer ?
Quand tu mets de la lumière sur tes propres schémas, tu reprends du pouvoir.
Ce n'est plus l'autre qui détient ta valeur, ta paix, ton oxygène.
C'est toi qui redeviens axe.
La pleine conscience
Quand ton mental part en boucle, ton corps peut devenir un refuge.
La pleine conscience, la respiration, l'ancrage dans le présent, le yoga, les pratiques somatiques…
Tout cela permet de ramener ton attention ici et maintenant, au lieu de la projeter vers un fantasme ou un espoir inaccessible.
Ce n'est pas une solution miracle.
Mais c'est une manière douce de réduire l'intensité, et de revenir à toi.
Tes limites saines
Une relation qui t'épuise n'est pas une relation. C'est une perte de soi.
Apprendre à poser des limites, à dire non, à couper ce qui détruit… c'est essentiel pour sortir de l'emprise limérentielle.
Et ces limites ne concernent pas que l'autre.
Elles te concernent aussi :
→ ne plus te sur-exposer,
→ ne plus chercher en boucle,
→ ne plus t'auto-violer par besoin d'amour.
Le soutien extérieur
Tu n'as pas à faire ce travail seul·e.
Parler à quelqu'un de confiance, rejoindre un espace de parole ou te faire accompagner peut accélérer ton processus de libération.
Entendre que tu n'es pas “fou/folle”, que d'autres sont passés par là, que ce que tu vis a une logique… ça change tout.
Revenir à toi, concrètement
Revenir à des activités qui te reconnectent à ton axe, à ton corps, à ta joie propre.
Pas pour “remplir le vide”, mais pour te rappeler que tu existes en dehors de ce lien.
Créer, marcher, cuisiner, danser, jardiner, construire un projet, apprendre une compétence.
Chaque geste qui te ramène à toi affaiblit la prise de la limérence.
En sortir, c'est possible
La limérence n'est pas une malédiction. C'est souvent le reflet d'une blessure ancienne qui cherche désespérément à être vue, aimée, réparée.
Ce que tu vis n'est pas un caprice. Ce n'est pas une faiblesse. C'est le signe que quelque chose, en toi, a besoin d'attention — pas de jugement.
Et la bonne nouvelle, c'est que ça se transforme.
Quand tu comprends d'où vient cette emprise, quand tu décodes tes vieux schémas d'attachement, quand tu apprends à revenir à toi… le lien se relâche.
Petit à petit, tu ne cours plus après quelqu'un. Tu reviens vers toi.
Et c'est là que tout commence : une vie plus stable, plus claire, plus libre. Des relations où tu n'as plus besoin de t'effacer, de mendier, ou de fantasmer pour exister.
Tu mérites mieux qu'une illusion. Tu mérites une vraie rencontre. Avec toi d'abord. Puis avec l'autre.
Pour aller plus loin :
Youtube : Vidéos sur la limérence
Découvre le programme que ton mental redoute mais que ton âme réclame.