Dans certaines relations, on a peut-être déjà eu affaire à une personne qui semble fuir toute forme d’engagement affectif, d’intimité émotionnelle ou de profondeur.
Et on s’est demandé :
- Est-ce quelqu’un qui a peur d’aimer ?
- Ou simplement quelqu’un qui veut les avantages de la relation sans jamais en assumer la réciprocité ?
La confusion est fréquente.
Car dans les deux cas, le résultat peut se ressembler :
Une relation où l’on donne, où l’on s’implique, où l’on ressent — pendant que l’autre se dérobe, se ferme ou reste en surface.
Pourtant, ces deux dynamiques sont fondamentalement différentes, tant dans leurs racines psychologiques que dans leurs implications.
Dans cet article, on va les distinguer clairement, pour mieux comprendre ce qu’on a vécu (ou qu’on vit peut-être encore), et retrouver une clarté intérieure.
Le profil évitant : une peur d’aimer profondément enracinée
Il s’agit d’une structure d’attachement évitante, autrement dit d’une manière profondément ancrée de se protéger face au lien émotionnel.
Ce type d’attachement se développe souvent dans l’enfance, lorsque l’enfant :
- n’a pas reçu de réponse cohérente à ses besoins affectifs,
- a été poussé à devenir autonome trop tôt,
- ou a appris que montrer ses émotions ne servait à rien — voire provoquait du rejet.
Résultat : à l’âge adulte, on évite inconsciemment l’intimité, par peur de se sentir envahi, dépendant ou vulnérable.
À noter cependant :
Une personne au profil évitant peut tout à fait être en couple pendant plusieurs années, (c'est même ultra courant) parfois avec un fort sens des valeurs, de la loyauté et du respect.
Ce n’est pas la relation qui est menaçante mais :
- l’intensité émotionnelle,
- la proximité affective,
- ou la demande de fusion.
Tant que l’équilibre reste stable et que l’intimité profonde n’est pas trop sollicitée, la relation peut sembler fonctionner – jusqu’au moment où l’un des deux commence à demander
- plus de connexion,
- plus de vulnérabilité,
- plus de réciprocité émotionnelle.
C’est souvent là que les schémas évitants se révèlent.
Signes typiques :
- L’autre semble froid ou rationnel quand on exprime nos émotions.
- Il minimise les conflits ou les fuit.
- Il valorise l’indépendance au point de refuser toute interdépendance.
- Il a du mal à se connecter à ses propres besoins affectifs.
- Il peut être présent… puis disparaître sans raison apparente.
Ce n’est pas de la malveillance. Ce n’est pas du calcul.
C’est un système de protection intégré.
Le problème, c’est que si on est plutôt dans une dynamique d’attachement anxieux (besoin de lien, de validation, de proximité), on va naturellement se sentir rejeté, frustré ou en attente.
Et la relation va activer nos propres blessures.
Le profil opportuniste : vouloir les bénéfices de la relation sans sa réalité
À l’inverse, certaines personnes ne fuient pas par peur, mais par confort, égoïsme ou intérêt émotionnel.
Elles ne sont pas incapables d’aimer :
Elles ne veulent simplement pas en assumer la responsabilité.
Elles veulent :
- Les câlins mais pas les discussions difficiles,
- Les compliments mais pas la vulnérabilité,
- Notre présence mais pas nos émotions,
- Notre écoute mais pas nos limites.
Signes caractéristiques :
Elles entretiennent l’ambiguïté :
“Je ressens un truc fort avec toi, mais je ne suis pas prêt pour une relation.”
Confession partielle + retrait immédiat = espoir sans réalité.
“Je pense à toi tout le temps… mais je ne sais pas ce que je veux.”
Création de lien émotionnel sans engagement réel.
“Tu es quelqu’un de précieux, je ne veux pas te perdre.”
Position de victime affective, mais refus d’avancer.
“Je ne peux pas t’offrir ce que tu mérites.”
Déguisement d’un désengagement en acte de bonté.
“Je ne veux pas te faire souffrir, c’est pour ça que je garde mes distances.”
Justification pseudo-éthique d’un retrait affectif.
“Je ne comprends pas ce que je ressens… c’est intense mais flou.”
Confusion émotionnelle entretenue volontairement.
“Je t’aime, mais pas comme tu voudrais.”
Invalidation douce + maintien du lien.
“Peut-être qu’un jour…” ou “Dans une autre vie…”
Fantasme projeté vers un futur inaccessible.
“Je veux qu’on reste proches, même si on ne peut pas être ensemble.”
Zone grise relationnelle : ni dedans, ni dehors — mais émotionnellement accroché.
Elles reviennent quand ça les arrange (besoin, solitude, sexualité).
Elles valorisent ce qu’on leur apporte sans jamais vraiment s’engager.
Elles peuvent même dire : “Je ne te mérite pas”… tout en restant proches pour en tirer un bénéfice affectif.
Ici, ce n’est pas une défense inconsciente.
C’est une gestion émotionnelle à sens unique, souvent centrée sur la satisfaction de leurs besoins – sans se soucier de ceux de l'autre personne.
Ces personnes peuvent avoir un attachement évitant, mais ce n’est pas la cause principale.
C’est une posture utilitaire, égocentrée, parfois immature, parfois cynique.
Ce que nous disent la psychologie relationnelle et les neurosciences affectives :
Ce type de posture :
- Vouloir recevoir sans s’impliquer,
- Être aimé sans aimer en retour,
- Se nourrir sans nourrir,
- Ne permet pas la construction d’une relation saine.
Au final :
- Soit la relation ne s’approfondit jamais,
- Soit elle dérive vers un lien toxique, où l’un donne, l’autre prend…
- Jusqu’à l’épuisement et la perte d’estime de soi.
Ce qui les relie… et ce qui les sépare
Les deux profils entretiennent une forme de distance émotionnelle.
Mais là où l’évitant se protège, l’opportuniste profite.
- L’un fuit pour ne pas être blessé mais est toujours dans la relation.
- L’autre reste pour ne pas perdre ce qu’il reçoit – sans jamais vraiment s’engager.
Pourquoi cela fait si mal (et pourquoi il est vital de distinguer)
Face à l’un ou l’autre, on peut ressentir la même douleur :
- Un sentiment d’abandon émotionnel,
- D’être trop,
- Pas assez,
- De tourner en rond dans une relation qui ne se construit pas.
Mais si on ne fait pas la distinction, on risque :
- De vouloir “sauver” quelqu’un qui nous utilise, en croyant qu’il est juste blessé,
- Ou de diaboliser quelqu’un d’évitant, sincèrement perdu face à l’intimité.
Dans les deux cas, on s’épuise. Et surtout : on s’éloigne de son propre axe.
Car la vraie question n’est pas :
Le quel des deux profil est-il ?
Mais bien :
Qu’est-ce qu’on tolère ? Qu’est-ce qu’on choisit de vivre ?
Ce qu’on peut faire pour se protéger (et se respecter)
Observer les actes, pas les mots.
- Un évitant sincère peut exprimer sa difficulté, tenter de s’impliquer.
- Un opportuniste esquive tout engagement réel tout en prenant ce qui l’arrange.
Ne pas compenser.
Plus on se plie, plus on attend, plus on donne sans retour… plus on valide la dynamique toxique.
Même si l’autre est blessé, ce n’est pas à nous de nous adapter en permanence.
Revenir à ses besoins profonds.
- Est-ce que cette relation nous nourrit ?
- Est-ce qu’on se sent respecté, vu, choisi ?
Ne pas confondre blessure et toxicité.
Oui, certaines personnes sont dysfonctionnelles sans être mauvaises. Mais cela ne les rend pas aptes à une relation saine avec nous aujourd’hui.
Conclusion : notre clarté est notre force
Dans un monde où l’on confond vulnérabilité et faiblesse, ou “connexion” et consommation affective, il est vital de réapprendre à faire la différence.
L’évitant a peur d’aimer mais il peut évoluer, s’il en prend conscience et choisit de guérir.
L’opportuniste veut être aimé mais refuse d’aimer en retour et dans ce genre de relation refuse également toute responsabilité.
Dans les deux cas, on a le droit de dire stop. On a le droit de sortir de la confusion. On a le droit de choisir une relation qui nous élève, nous respecte, nous honore.
Et si cela semble difficile, c’est peut-être qu’il est temps d’aligner notre estime de soi à nos choix relationnels.
Encore marquée par une relation toxique
ou un effondrement intérieur ?
Tu as déjà tout tenté mais tu te sens encore bloquée, vidée, confuse et surtout… la joie ne revient pas.
Tu veux une vraie bascule, un point de non-retour, pas une énième explication ?
Alexis Faure
Spécialiste en Restructuration Émotionnelle & Comportementale
Sortie de l’emprise affective.
Reconstruction intérieure.
TCC • PNL • EFT • SDN.
+9000 accompagnements ciblés.
Ajouter un commentaire