ECKHART TOLLE : « Devrais-tu t'engager dans une relation intime ? » D'abord, bien sûr, le « devrais » n'intervient pas du tout ici. Ni tu devrais t'engager dans une relation intime, ni tu ne le devrais pas. Il n'est pas question de « devrais ». Soit tu le fais, soit tu ne le fais pas.

Peut-être la question signifie-t-elle : « Est-ce que j'ai à le faire ? » Toi seul peux savoir cela. Si tu sens que c'est la chose juste, cela arrive. Mais le fait que tu n'aies plus besoin d'être complété psychologiquement ne veut pas nécessairement dire que tu ne t'engages plus dans une relation intime.

Cela veut simplement dire que la partie égoïque d'une relation intime n'existe plus. C'est un grand soulagement.

Tu peux toujours avoir une relation intime, sur le plan physique et émotionnel, sans le besoin psychologique qui dit :

« J'ai besoin de toi comme réponse à ma vie. »

Une façon psychologique de se compléter. C'est cette illusion qu'il peut y avoir un être humain qui va te compléter psychologiquement qui crée un grand nombre de conflits relationnels, parce qu'après un temps, tu te rends compte que l'autre humain ne vit pas selon tes attentes.

Aucun être humain ne le peut.

Mais tu peux toujours avoir une relation intime mais sans le besoin d'être complété psychologiquement.

Tu as une forme qui est aussi physique et, par exemple, la forme physique peut avoir du désir sexuel, également des ressentis émotionnels qui existent dans un contexte plus grand quand tu es éveillé ou la dimension spirituelle est même déjà là dans ta vie et il y a alors un contexte plus grand pour tout cela dans l'espace de qui tu es.

Ces choses apparaissent ou se produisent, non pas comme réponse à tes problèmes existentiels, ni même comme besoin absolu au niveau émotionnel et physique, non pas comme besoin absolu.

Il y a la forme sous laquelle tu peux être attiré par une autre forme et c'est très bien. Et si cela ne marche pas ou s'il n'y a pas d'autre forme, parce que tu es en prison ou pour toute autre raison, tu peux vivre avec ça sans devenir un être malheureux, parce que tu es en contact avec ce qui est au-delà de la forme.

L'insatisfaction au niveau de la forme crée… Oui, il y a un certain domaine dans ta vie qui est insatisfait – tu peux le sentir – et cependant, cela ne rend pas ta vie misérable, ni ne te rend malheureux, ni n'engendre une interprétation mentale affirmant que ta vie est horrible et n'a pas de sens, parce que ce besoin n'est pas satisfait, parce que quand la présence pénètre dans ta vie, ce besoin existe en tant que petite manifestation dans l'espace plus grand que tu es.

Si le besoin est satisfait, c'est très bien. S'il ne l'est pas, tu peux de même vivre avec ça sans devenir malheureux, ni sentir que tu n'es plus vivant.

Non, tu es intensément vivant et dans la profondeur de cette vie, tu n'es pas une identité en tant que forme. Et dans la profondeur de cette vie, tu n'as aucun besoin d'autres formes, mais tu peux apprécier d'autres formes, mais le besoin absolu n'est pas là, parce que toutes les formes sont déjà contenues en cela, en toi.

Ultimement, à partir du niveau le plus profond, tu te rencontres toujours toi-même en une autre forme.

Donc, pas de « devrais », ni de « ne devrais pas », tu peux ou tu ne peux pas t'engager, selon ton expression, t'engager dans une relation intime.

Je suppose que s'est dissoute la croyance qu'il y a un être humain quelque part qui va te rendre heureux, que tu comprends que tu n'en as pas besoin pour te rendre heureux ou pour te combler.

Ainsi, sans le besoin psychologique, tu peux apprécier un autre être humain et tu peux apprécier les niveaux physiques et émotionnels s'ils sont là.